« Même s'il pleut, l'été s'ra chaud, dans les t-shirts dans les maillots, D'la Côte d'Azur à Saint-Malo, Oh Oh, l'été s'ra chaud, chaud ! » Les baby-boomers auront reconnu ce succès d’Éric Charden, que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Sa traduction contemporaine et hôtelière correspond aux anticipations, très optimistes, des opérateurs de l’hébergement marchand en matière de réservations et de revenus générés par les prochains Jeux olympiques et paralympiques.
Il y a encore un an, et même six mois, beaucoup fondaient des espoirs un peu déraisonnables sur la venue de supporters olympiques prêts à débourser sans compter pour assister à un événement annoncé comme exceptionnel.
Les médias se sont même émus des tarifs stratosphériques pratiqués çà et là dans des hôtels qui ont crû que la poule olympique allait vraiment pondre des œufs d’or. Ils ont été suivis par tous les propriétaires d’appartements, persuadés que plusieurs centaines d’euros par jour pour un petit studio était acceptable pour les fans des JOP 2024.
La réalité s’est imposée au fil des mois, quand l’état des réservations s’est précisé ; quand les généreux allotements pris par les partenaires et sponsors sont revenus sur le marché ; quand les participants aux JO ont naturellement arbitré leurs dépenses entre les billets et le coût du séjour parisien.
Le ciel a finalement ses limites et, en référence à Icare qui a voulu voler trop près du soleil, les espoirs ont fondu comme la cire de ses ailes. Relativisons, ce n’est pas la chute fatale et même décevant sur la seule période de JOP, le bilan estival sera globalement satisfaisant.
L’inquiétude a trop vite remplacé l’euphorie au vu du ralentissement « On the book » et de l’absence de « Dernière minute ». Et pourtant, le phénomène olympique n’est pas exceptionnel. Sa répercussion sur l’hospitalité a été étudiée, décortiquée, lors des éditions précédentes. Même si elles ne sont pas tout à fait les mêmes, elles ne sont pas si différentes que cela.
Il faut aussi savoir se projeter à moyen terme. Le bénéfice des grands événements comme les Jeux Olympiques se mesure à la fois par la traînée médiatique qui bénéficie à la destination, quand tout s’est bien passé, et par l’accélération des équipements publics qui profiteront aux résidents comme aux touristes.
En résumé, l’été sera bon. Éric Charden a raison de le chanter. Ce ne sera pas la canicule, si on poursuit la métaphore climatique, mais le RevPAR va très bien se porter pour une période estivale à Paris et dans quelques grandes villes d’accueil. Sa belle progression sera davantage à mettre au crédit des prix moyens pratiqués et acceptés que d’un afflux massif de clients.
Bref, pas de quoi paniquer, ni de se frotter les mains à l’excès. L’industrie hôtelière en sortira satisfaite mais sera-t-elle tout à fait indemne en termes d’image ? Il faut savoir reconnaître ses erreurs et en tirer les bons enseignements. Collectivement, l’industrie de l’hospitalité n’a pas bien gérer ni sa préparation, ni sa communication.
On aurait pu éviter ces coups de projecteur négatifs sur la cupidité dénoncée de certains professionnels de l’hospitalité. Tous auraient pu mieux gérer leurs différents canaux de vente et mieux anticiper les niveaux d’activité en regardant les modèles proposés de longue date par les fins connaisseurs des marchés.
Sauf événements majeurs, et l’actualité récente montre qu’on n’est pas à l’abri de surprise de dernière heure, les Jeux Olympiques seront une bonne affaire pour les hébergeurs parisiens. L’engouement populaire a surpris lors de l’arrivée de la flamme olympique, générant de belles retombées économiques. S’il y avait une moralité à trouver, ce serait d’avoir davantage confiance dans les outils d’analyse raisonnée des marchés. Ils sont plus sophistiqués que les enthousiasmes excessifs ou que les déprimes temporaires.
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