Alors que notre pays croule sous les prélèvements les plus lourds au monde, le débat a été relancé avec la multiplication des nouvelles taxations pour boucler un budget qui reste malgré tout déficitaire de 150 milliards d’euros.
Les prises de position des grands patrons et de leurs représentants ont alimenté la polémique qui fait le bonheur des chaînes d’information en continu, transformant la place publique médiatique en arène des jeux du cirque.
On oppose les uns contre les autres : ceux qui s’emploient à créer de la richesse et ceux qui perdraient leur emploi si l’entreprise venait à se délocaliser. Dans un pays dont le modèle économique repose majoritairement sur la redistribution, il serait bon de rappeler qu’on ne peut taxer que la richesse qui a été créée.
Le modèle est-il encore pertinent quand la satisfaction des besoins essentiels n’est même pas assurée ? La sécurité fait défaut, la justice est trop lente, l’hôpital est au bord de l’implosion, l’éducation se délite.
A travers cette opposition stérile ne cherche-t-on pas à faire diversion pour cacher les vrais coupables ? Ceux qui dissimulent leur mauvaise gestion des fonds publics et leur manque de courage pour arrêter de transférer la charge aux générations suivantes.
Arrêtons la caricature d’un patron sans cœur et apatride qui licencie sans état d’âme des employés par simple calcul financier. Pour les dirigeants de PME, qui constituent le tissu essentiel de notre économie et encore davantage de notre secteur de l’hospitalité, s’asseoir en face d’un salarié pour s’en séparer est une véritable épreuve humaine. Elle est davantage contrainte par la réalité économique que par la recherche d’un gain cupide.
Tous les agents économiques sont face à des choix, quel que soit le niveau de la décision. Quand le terrain n’est plus propice, quand les conditions de l’exploitation deviennent insupportables, quand l’incertitude est le seul avenir proposé, comment s’étonner que la délocalisation devienne une option ?
Le parallèle peut sembler osé, mais a-t-on vu des animaux affamés rester sur une plaine asséchée quand l’herbe est plus verte dans la savane d’à côté ? Il est dans leur nature de migrer pour survivre et se développer.
Nos politiques – tous bords confondus pour ne pas entrer en polémique partisane - ont finalement une notion assez floue des KPIs avec lesquels vivent en permanence les dirigeants d’entreprise. Ils voient des sources de taxes dans les revenus qui seraient mieux utilisés en investissement productif.
Notre secteur, très fortement employeur de main d’œuvre, est le premier à souffrir des hausses de charges. Il a pourtant réussi à digérer l’augmentation de 20% des coûts salariaux. Est-ce pour autant qu’il faille le mettre encore à l’épreuve ?
Le succès a toujours un côté suspect. On ne reproche pas à Mbappé de marquer des buts, à Léon Marchand de collecter les médailles, à Teddy Riner de dominer son sport. Mais la vision politique égalitaire conduirait à attacher les lacets du footballeur, à lester les chevilles du nageur, à bloquer un bras du judoka. Stupide ? C’est pourtant ce qui se produit avec les leaders de l’industrie et du commerce.
Contraindre ou libérer ? C’est sans doute la vraie question. S’appuyer sur les acteurs économiques et encourager leur succès ou diminuer leurs capacités pour boucher les trous d’un budget en perdition. Nous avons la chance de compter des entreprises hôtelières de premier plan, qui peuvent faire rayonner le pavillon et les marques françaises à l’international, encore faut-il leur laisser générer les profits qui peuvent financer cette expansion.
La compétition est mondiale. Nous sommes parmi les seuls à appuyer sur le frein quand les concurrents accélèrent. Est-ce qu’on a un doute sur la finalité de la course et la position qu’on veut y tenir ?
